mardi 10 avril 2012

Dis maman pourquoi on fait des bébés?

Oui, oui, c'est un article un peu provocateur qui arrive. Il exprime tant des faits sociaux avérés que mes positions sur le sujet. Néanmoins, même si je trouve que pousser les gens à avoir des enfants est une ineptie, je respecte tout à fait le fait qu'on en veuille. Cet article sert à partager autour de la construction sociale de la famille, pas à définir un modèle ou à imposer un choix et les commentaires seront bienvenus, tant pour critiquer que pour lancer le débat (comme à chaque post d'ailleurs).

Comme je l'avais dit ailleurs, je suis dans une filière socioculturelle. Dans cette filière, tout le monde ou presque s'accorde à dire qu'avoir des enfants, c'est le top du top, qu'on n'a réussi sa vie qu'en devenant parent et si on ose penser le contraire, on est regardé de travers. Ainsi, lorsqu'en cours il nous a été demandé de choisir entre plusieurs images "l'essentiel" (c'était le thème que nous avions choisi), la famille a été imposée à la quasi unanimité. Ce n'était pas tant à cause d'un attachement particulier aux parents, non, les paroles que j'entendais étaient : "Non, mais si j'ai pas d'enfants, j'ai raté ma vie", "Je rêve d'avoir ma propre famille","Non mais c'est évident, on veut tous avoir une famille quoi!", etc. Je me suis sentie assez seule à ce moment là. D'un côté, je comprends leur position, et d'un autre je me sentais complètement culpabilisée parce que je suis ce genre de jeune femme qui n'accorde pas autant d'importance au fait de devenir éventuellement mère un jour, en gros d'avoir un utérus actif. Oh, si ça arrive et que j'y suis prête, que mon environnement n'empêche pas une naissance, je serai sûrement très heureuse d'être mère et je sais que je sortirai les griffes comme une furie à la moindre raison de protéger mon enfant. Non, c'est simplement que je considère qu'on peut être épanoui(e), avoir une certaine liberté et réussir sa vie sans se faire un jour appeler "Maman" ou "Papa".
Il en est de même pour l'allaitement. J'ai déjà entendu des amies me faire des regards outrés quand j'ai affirmé douter fortement de mon éventuelle envie d'allaiter au sein. C'est comme si j'avais dit "non, mais mon enfant dormira sur un monticule de paille et sera nourri au pain sec et à l'eau, la vie est dure, qu'il l'apprenne!". Dans ma famille, la plupart des femmes ont allaité au sein pourtant on dit toujours "Mieux vaut un biberon donné de bon coeur qu'un sein de mauvais". Non, donner le biberon plutôt que le sein n'a jamais fait de soi une mauvaise mère, arrêtons de culpabiliser les femmes comme cela, pour des bêtises pareilles. Donner le sein sans le vouloir, c'est aussi transmettre des émotions désagréables, on peut très bien être une mère bien en tous points en donnant le biberon et la pire des mères en allaitant au sein. Cet amalgame n'a pas lieu d'être.
Quoiqu'il en soit, notre instinct paternel/maternel n'est apparu qu'assez récemment. Il y a eu des avortements par choix délibéré (donc pas de femmes n'étant pas en état de recevoir la naissance de l'enfant) pendant très longtemps et il y en aura toujours. il y aura toujours des infanticides, des abandons d'enfants, des mères qui relayent leurs responsabilités à d'autres femmes, etc. L'humain est un animal, une bête sauvage qui s'est civilisée de force et en conséquence parfois les instincts dépassent la socialisation. Cela ne justifie pas tout mais cela aide à comprendre, à ne pas tout de suite sortir nos grands chevaux. En bien des points, l'humain gagnerait à se rappeler qu'il n'est rien d'autre un animal.
Quant à l'avortement, s'il a été autorisé ce n'est pas sous l'impulsion de Simone Veil mais parce que le gouvernement se trouvait face à un non-choix. Il l'ont envoyée annoncer la loi pour que ce soit une femme qui le fasse et l'assemblée a été tellement dure avec elle qu'elle en pleurait mais ça, ça ne nous est pas dit dans les manuels scolaires.

Alors, pourquoi veut-on absolument des enfants?
Parce que c'est la norme. La société nous renvoie toujours à ce que nous devons faire ou non, elle nous socialise pour que nous adoptions petit à petit certains comportements.
Ainsi, en France, au début du 20e siècle, les manuels scolaires faisaient figurer des familles de 5 à 6 enfants dans les problèmes de mathématiques. Il fallait repeupler la France suite aux pertes de la guerre et se préparer aussi à celles qui pourraient venir en ayant la plus grosse armée. Oui, oui, l'Etat voulant faire comme le garçon dans le sketch "J'aime pas les garçons" de Florence Foresti : avoir la plus grosse voiture (ou plutôt ici la plus grosse armée) pour bien montrer que c'est lui le meilleur. C'était aussi la sortie du traumatisme du 19e siècle, quand un tiers des hommes étaient réformés au service militaire car malmené par les usines. Il fallait donc du mâle à outrance, et quelques filles pour s'occuper de faire tourner le pays et s'occuper des enfants pendant que les hommes étaient partis à la guerre. Ca, plus l'impossibilité d'avorter légalement (les femmes mourant parfois en se déclenchant les hémorragies nécessaires à l'hospitalisation autorisant leur avortement), la que très temporaire autorisation de la pilule contraceptive (oui, on a eu le droit au "un pas en avant, deux pas en arrière" aussi sur ça), voila le remède miracle pour avoir de grandes familles. Aujourd'hui, nous avons deux choix : la famille nucléaire qui permet de renouveler l'espèce (deux enfants = espèce renouvelée) ou la famille recomposée qui est tellement hype. Oh, mais le divorce, c'est encore la faute d'un autre fait social : avec mai 68, les gens ont connu la liberté et la fin du mariage d'intérêt a été consacrée (oui, il y en a eu tard, ce n'est pas l'apanage du Moyen-âge). Avec le temps, les gens ont confondu mariage d'amour et mariage pour dire "je t'aime". Se marier, ce n'est plus "pour la vie", mais "pour passer un bout de chemin ensemble", logique qu'on divorce au bout d'un an ou deux ans dans ce cas et qu'on taille la route au moindre désaccord : les gens ne croient plus à la pérennité de leur amour déjà sur l'autel. Non, le nouveau fun, ce sont les familles recomposées avec leur air de colonie de vacances familiale qui est quand même amené dans les publicités comme le modèle familial citadin-fashion et qui créé un grand nombre de célibataires.
En France, de manière générale, nous avons une anti-politique de l'enfant unique : nous nous targuons d'avoir une natalité assez élevée pour un Nord, de 2,01 enfants par femmes en 2010. Lors des colloques sur la démographie, nous sommes ris parce que ce chiffre ne veut rien dire et que c'est une valeur totalement dépassée. Oui, les Français sont de gros has-been.

Alors, oui, on nous propose tout un ensemble de modèles, d'imposition de ce qui est bien ou non mais rien de ce qui nous est proposé est bien ou mal, c'est intime, à nous d'aller où notre coeur nous porte et sans se sentir moins bien que d'autres pour autant. Ce n'est jamais facile d'affirmer ses positions à ce sujet mais c'est nécessaire tant pour se respecter que pour l'être en retour.

dimanche 8 avril 2012

Chemins de Lumière en duo: jachère

Non, non, ce blog n'est pas mort, j'ai juste une période intense d'activités à laquelle je dois faire face (en fuyant par exemple)... Pendant les vacances scolaires, j'espère être plus active mais jusqu'à la fin mai, ça sera assez difficile.

Quoiqu'il en soit,j'ai craqué. Valiel a lancé un nouveau cycle de chemins de Lumière, mais cette fois-ci en duo : deux thèmes fonctionnant en miroir, sur deux semaines.

Le thème de cette semaine était donc "jachère".

L'image est un peu sombre... elle est faite au feutre noir et à l'aquarelle (oui, encore ^^).

Ce thème me parle en ce moment puisque c'est une optique dans laquelle je suis. En adepte de la procrastination, j'essaye de reporter le temps où je rédigerai mon rapport de stage sérieusement, où je ferai ce dossier que je dois rendre rapidement, où je bosserai mon mémoire, où j'irai faire ceci, où je préparai cela, etc. Vite, vite. Cette semaine, j'ai aussi été mise face à la nécessité de laisser les choses aller, de les laisser dans un coin pour mieux en saisir le sens.
Laisser en jachère, c'est donc à double-sens, c'est laisser les choses se décanter pour mieux les voir pousser comme laisser les choses vivre leur vie sans soi pour mieux les retrouver. Ici, j'ai représenté un livre dont sortent des êtres et des symboles. Tout part dans tous les sens, le livre mental n'est plus dans la maîtrise et la vie naît depuis l'imagination. C'est un laisser-faire intellectuel, alors oui c'est brouillon, ça part dans tous les sens et il y a une sensation d'être débordée mais il y a aussi la joie de se laisser porter par ce tourbillon de vie, et la compréhension que la magie vient d'elle-même si on la laisse prendre place.