Le retour à la Terre

Ce matin, l'arbre est mort. On pourrait penser que l'arbre est triste... mais l'arbre est sage et accepte le cycle de la nature. Et un arbre mort, c'est utile, c'est source de vie... La preuve dans cette vidéo.

L'humain s'évertue à dégager le bois mort des forêts, des plaines et des jardins. "Bigre, un arbre mort, ça gâche le paysage!" Ah? Personnellement, je suis fascinée par l'humus, par cette vie qui grouille sous nos pieds, par la mousse qui pousse sur les souches d'arbre.

Petite, je croyais qu'une nouvelle vie n'était possible que parce que quelqu'un était parti pour l'autre monde... comme un échange pour que chacun est la place de vivre son expérience. Puis la vérité est apparue : on nait plus qu'on ne meurt. Bon, puisqu'il en est ainsi. Pas de peine, un état de fait. J'étais juste déçue de voir l'idée s'évaporer. Puis l'expérience du deuil qui a duré longtemps, très longtemps... jusqu'à une visite posthume et la prise de conscience que seul le corps meurt. Alors, on ne meurt jamais vraiment. Le corps est une machine naturelle, particulièrement bien construite et qui rappelle que tout est parfait. Le corps est aussi un formidable véhicule qui nous permet d'avoir des sensations physiques, il est aussi un temple et un refuge. Le corps est aussi un miroir de notre monde, il exprime les émotions et blocages qui sont les nôtres. Le corps est génial, à bien des niveaux, mais il n'est pas tout. Comme tout ce qui vit dans la matière, le corps est voué à mourir un jour. Nous naissons poussière, nous mourons poussière. Et de cette poussière corporelle naissent d'autres vies. Finalement, nous devenons un don de notre âme, un remerciement à la Terre.

Alors, pourquoi cacher cette mort, que ce soit derrière les murs d'un cimetière ou en ramassant trop souvent le bois mort? Pourquoi retenir ce juste retour envers la Terre et ceux qui nous suivront? Pourquoi créer des cercueils empêchant les vers de se nourrir de notre enveloppe charnelle? Si notre corps n'est plus humus quand nous l'avons quitté, tout cela n'a plus de sens...