mercredi 26 septembre 2012

Aqua

J'ai longtemps eu un problème avec l'eau. Je ne savais pas comment interagir avec, aussi fascinée qu'effrayée. En toute logique et parce que les choses sont ainsi faites, je ne savais pas comment regarder mes émotions. J'avais peur, peur de ne plus être assez près de la surface ou du bord, peur de me noyer dans cette masse où l'air semble parti. Peur de lâcher le mental et de laisser les émotions me tourner la tête. C'est peut-être idiot mais la partie d'Harry Potter et la coupe de feu qui m'a le plus mise mal à l'aise était la partie sous l'eau, dans le lac glacial et profond. Le Grand Bleu m'a totalement fasciné mais l'image de l'eau y était pure, accueillante, un refuge. Si l'eau était dans l'entre deux, c'était déjà trop. J'avais peur, peur de descendre dans l'eau, dans mon eau intérieure, et de m'y retrouver coincée, peur des rencontres que je pouvais y faire. Oh, je ne ferais clairement pas la fière en croisant un barracuda ou une murène, la panique serait même grande mais elle n'est plus rien à côté de ce qu'elle a été. Je ne sais pas si cette confiance en l'eau restera, je l'espère. J'espère qu'on s'apprivoisera sans pour autant que l'une des deux ne devienne objet de l'autre. Petit à petit, j'abandonne le contrôle et aspire à la maitrise et à la confiance.

Le message de Mabon cette année, je le ressens ainsi. Le week-end avant l'automne, je suis allée dans des marais et j'ai eu envie d'y plonger. J'ai eu une grande difficulté à ne pas y aller, alors que l'eau était sombre, qu'on ne voyait strictement rien et qu'elle était grouillante de vie. C'était justement ce qui m'a donné envie d'y aller: elle était honnête, telle qu'elle aurait du être. J'ai senti un amour immense monter en moi, pour la Terre, les animaux et végétaux de ce marais, cette eau qui me faisait face. J'ai pleuré, des larmes chaudes et pleines d'amour. J'ai chanté aussi.

De la même façon que ce jour-là, j'ai envie de plonger dans ma mer intérieure. J'ai envie d'en connaitre les abysses et la cité aux nombreux tritons, j'ai envie de me rappeler que ce qui y traine fait parti de moi ou a été amené par moi n'est donc pas une menace si j'agis de la bonne manière. J'ai envie de sentir l'étreinte de l'élément, sentir mon corps frissonné en entrant dans cette eau ni trop propre ni trop sale, envie de sentir ma respiration se couper avant que ne s'ouvrent mes branchies. Le jeu en vaut la peine, je suis prête.

Lacher-prise

L'H est prise. Le H est tel une haie, c'est un peu un obstacle à dépasser mais après lequel on sort grandi puisqu'on devient I, qu'on retrouve la source, le point sur le i (le A est un point). Lâcher prise, c'est aussi ça, c'est même surtout ça, se dégager de nos entraves illusoires pour se jeter dans la pleine confiance. Après tout le destin fait tout au mieux parait-il.

C'est probablement, avec le fait de faire taire le mental mais les deux sont liés, la chose que j'ai le plus de mal à faire. Besoin irrépressible de tout maitriser, de tout réussir et de tout savoir. Surtout, ne pas faire un pas de travers, ou alors qu'ils soient choisis. Voilà ce que me dit mon mental. Peur idiote de passer à côté de la vie sans être capable d'apprécier la richesse de l'instant. Finalement, ceux qui tiennent le plus à avoir une vie réussie sont ceux qui en profitent le moins.

Ca fait longtemps que je ne suis pas venue ici. Peut-être parce que je commence à lâcher-prise, doucement, que ma tête me dit aussi de le faire. Ca fait peur, un peu. Peur de rater quelque chose en se disant "advienne que pourra et surtout que devra", peur de planter l'avenir en faisant les mauvais choix, de blesser, de se blesser, et aussi l'impression de ne pas vivre vraiment la vie rêvée. J'ai envie de voyages et envie de stabilité à la fois, de travailler tout en continuant à étudier mais Saturne me rappelle qu'il faut choisir dans la vie. Choisir, c'est aussi lâcher prise, c'est accepter de renoncer au moins pour un temps et aussi accepter les conséquences d'un mauvais choix. Ca peut être renoncer à une jupe, comme renoncer à une carrière, à un amour ou encore à un mode de vie. J'ai de plus en plus envie de passer à autre chose, de vivre autre chose. J'ai 23 ans maintenant et je ressens pleinement ce besoin de vivre ma propre vie. J'ai besoin de faire mes propres choix sans me poser la question de savoir si c'est stupide ou non, d'agir simplement comme je sens être le mieux pour moi. Finalement, devenir adulte, accepter de choisir et faire confiance.