mardi 13 septembre 2011

"La grotte des rêves perdus" de Werner Herzog

Affiche prise sur Allociné

Synopsis Allociné:

"C’est une grotte immense, protégée du monde depuis 20 000 ans parce que le plafond de son entrée s’est effondré. C’est un sanctuaire incrusté de cristaux et rempli de restes pétrifiés de mammifères géants de la période glaciaire. Pourtant, ce n’est pas le seul trésor que ce lieu unique au monde avait à nous offrir…
En 1994, au sud de la France, les scientifiques qui ont découvert la grotte sont tombés, ébahis, face à des centaines de peintures rupestres, des œuvres d’art spectaculaires réalisées il y a plus de 30 000 ans – presque deux fois plus vieilles que les peintures rupestres les plus anciennes découvertes jusqu’alors. Ces dessins, ces œuvres, ces témoignages exceptionnels ont été créés à l’époque où les hommes de Neandertal parcouraient encore la terre, en un temps où les ours des cavernes, les mammouths et les lions étaient les espèces dominantes sur notre continent.
Depuis, seules quelques très rares personnes ont été autorisées à pénétrer dans la grotte, et ses chefs-d’œuvre sont restés à l’abri des regards – jusqu’à ce que Werner Herzog obtienne l’autorisation d’y réaliser un documentaire d’exception. Avec ses caméras 3D, Herzog a capté toute la beauté de ces merveilles dans l’un des sites les plus grandioses qui soit. Dans un saisissant voyage visuel, Herzog nous entraîne à à la rencontre de nos très lointains ancêtres, à la découverte de la naissance de l’art, de la symbolique puissante des lieux et des étranges personnes qui vivent aujourd’hui dans les environs."

 Bande annonce

Mon avis:

J'ai honte, mais j'ai failli dormir un peu... Non pas que je n'ai pas aimé ou pas trouvé le film intéressant, au contraire, mais parce que je n'ai pas l'habitude de voir des films de ce genre au cinéma. Je veux dire par là que ce documentaire est plutôt lent, qu'il semble faire une pause dans le temps et que la contemporaine que je suis a du mal à se poser devant un écran. Dans un certain sens, un film plus dynamique aurait été dommage : il s'accorde avec la grotte, lieu où le temps s'était arrêté, où toute modification prend un temps infini. Je me répète mais tant pis : ce film est lent mais loin d'être ennuyeux.
Pour une fois, la 3D sert. C'est un point à souligner et que j'ai énormément apprécié. On n'aura jamais l'occasion de rentrer dans la grotte de Chauvet (du nom d'un de ses découvreurs), présentée dans ce film. La 3D adopte alors deux fonctions : celle de nous permettre de nous sentir vraiment entrer dans la grotte (et l'envie de revenir dans les entrailles dans la Terre au passage) et celle de mettre en valeur les peintures rupestres. La 3D est tellement réussie que l'écran se fait oublier, qu'on a une sensation folle des volumes. On apprécie d'autant mieux les reliefs de la roche, la subtilité du travail des artistes et la beauté des stalactites et stalagmites. C'était tout simplement superbe.

Le contenu aussi est très intéressant, déjà par la chance qui est donnée au public de voir l'intérieur de cette grotte dont les peintures rupestres et ossements animaliers (sauf humains) sont tout simplement époustouflants de conservation. On suit une équipe d'archéologues et apprend les techniques utilisées, quelles ont été les avancées permises par la découverte récente de cette grotte, etc. J'ai aussi été joyeusement surprise par le soin apporté à la protection des lieux : les passerelles, les restrictions de visites et autres montrent un beau respect des lieux et de l'archéologie, qu'on trouve trop rarement dans notre société (pas de la part des archéologues et historiens bien sûr mais du public et du pouvoir politique). Les explications et détails des peintures, des ossements des animaux retrouvés, de l'emplacement des pièces sont tout bonnement passionnants. J'ai apprécié aussi la prudence des arguments donnés, rappelant aux modestes spectateurs que nous sommes que le passé est un mystère et le restera. L'entretien avec le jeune scientifique aussi en témoigne, lorsqu'il rappelle que nous venons voir des vestiges du passé avec notre vision d'humain moderne, avec notre expérience propre et sans avoir de notions du monde identiques à celle d'il y a quelques 30000 ans. Tout est mystère et le restera. On a aussi une évocation des Vénus paléolithiques et de la quasi absence des représentations anthropomorphiques masculines. Les peintures aussi ont évolué, les premiers artistes étant suivis dans leur élan par d'autres, parfois sur une même paroi et à des milliers d'années d'intervalle. Le rapport au religieux, qui peut intéresser aussi certaines personnes tournées vers le spirituel, est aussi évoqué, par exemple avec un crâne d'ours posé en hauteur et ayant probablement servi à des rituels... La grotte, elle, n'était pas lieu de vie, mais lieu d'expression, de foi aussi peut-être. Autre point soulignant cette absence de quotidien : les peintures sont dans une partie isolée de la lumière, comme pour donner une aura mystérieuse et peut-être rendre un hommage à la Terre d'une manière toute particulière.
 
Quoiqu'il en soit, c'est un film à voir si on s'intéresse aux arts "primitifs" (je n'aime pas cette expression...), à la préhistoire, à la paléontologie. Le voir au cinéma, pourquoi? Pour la 3D. L'intérêt du fond est toujours présent en documentaire télé mais la 3D apporte un plus réel, une sensation d'y être, aux côtés des chercheurs, qui fait plaisir à voir. Petit regret : l'absence de silence, notamment dans une des premières scènes dans la grotte. La bande son est superbe mais le silence est aussi à ressentir dans une grotte, un silence pour se recueillir, sentir la roche vibrer, la Terre respirer et l'eau couler longtemps le long des parois ou à la sortie des sources... Je regrette ce besoin constant de toujours occuper les oreilles, alors qu'un silence peut parfois aussi surprendre, transporter, permettre de mieux se centrer sur le film...

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