lundi 12 septembre 2011

L'ankou

Voilà un article que j'ai publié sur Luna Ocra.


« Prenez garde si vous entendez une charrette grincer la nuit… C’est peut-être l’Ankou qui vient accomplir sa funeste mission. »

Voilà ce que vous avez sûrement entendu si vous êtes allés entendre un(e) conteur(se) en Basse-Bretagne ou avez lu les légendes de cet ancien « bout du monde ». Mais qui est ce fameux Ankou ?

Avant de vous parler de lui, je pense qu’il est utile de se rappeler que la Bretagne, par l’idée que le Finistère finit le monde, est une terre emprunte de légendes et que la mort y est très présente. Les naufrages ont inspirés un grand nombre de contes. La cité d’Ys disparue rappelle aussi cet aspect terrible et fascinant de la Bretagne. La région est magique et les légendes y sont encore particulièrement présentes.


Pour en revenir à nos moutons… L’Ankou est le serviteur de la Mort, celui qui vient chercher ceux qui doivent mourir. C’est aussi le dernier mort de l’année, dans la paroisse. Il prend les défunts sur sa charrette, la fameuse Karrig an Ankou et les emporte dans le royaume des morts.

On lui prête l’aspect de la Faucheuse souvent : un squelette drapé d’un linceul et portant une faux prête à servir, tournée de manière à ce qu’elle ne se dirige pas vers lui quand il agit. D’autres le voient comme un être grand et pâle, aux cheveux longs et portant un feutre, un peu comme celui qu’on peut voir dans l’épisode « L’Ankou » de Kaamelott (saison 3). A l’origine, il aurait porté un maillet. Sa charrette est tirée par un cheval maigre, à l’avant, et un rond et en bonne forme. On dit aussi que deux hommes l’accompagnent et l’aident à mieux accomplir sa tâche en lui ouvrant les portes ou en dirigeant les chevaux.

On entend parler de lui dès le Moyen-âge. Voici un des premiers poèmes qui l’évoque :

Après la gloire et les vanités,
Tes vêtements et tes ornements,
L’ankou viendra avec empressement,
Quand il lui en prendra envie,
Pour te tuer tout à fait,
De sorte que ton aspect deviendra
Horrible et triste à souhait.


On retrouve ici un thème cher au Moyen-âge, surtout au Bas Moyen-âge, où la Mort était très présente et rappelait à tous que, grand seigneur ou modeste journalier, chacun est au même niveau que son voisin face à la Mort. L’Ankou est tout à fait dans cette logique : il choisit qui doit partir sans se préoccuper du rang du futur mort. L’heure sonne, pour tous.


Si vous entendez l’Ankou, il reste deux possibilités : soit il vient pour vous, soit pour une des personnes vivant à vos côtés. On dit aussi que si vous l'apercevez, vous mourrez dans l’année et qu’il en est de même pour ceux et celles qu’il a frôlé pendant la messe de Noël.



Sources:
Bretagne magazine, collection (hors-série) : « Contes et légendes au pays des fées et des korrigans », été 2007. Articles « Reportage : Yann Fanch Kemener dans les pas de l’Ankou » p.52-61 et « Anatole Le Braz : Sa Légende de la mort ne s’est jamais éteinte » p.62-67.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ankou
http://www.bagadoo.tm.fr/kemper/LEBRAZ/chap3.htm
http://culturebreizh.free.fr/bretagne.php?lang=fr&pageid=210
Image: http://13.img.v4.skyrock.net/134/mentounito/pics/1727505866.jpg

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